La fondatrice de la Maison d'Enfants de Han sur Seille est encore à 96 ans une "passeuse de l'Histoire et de valeurs" !
TOMBLAINE : YVETTE WEISBECKER AU COLLÈGE JEAN-MOULIN
Cent
élèves de 3e du collège Jean-Moulin ont rencontré Yvette Weisbecker,
fille d’immigrés, d’origine juive, dont la mère a été déportée à
Auschwitz.
Elle-même, alors jeune institutrice de 21 ans, a dû fuir en zone libre
après avoir perdu sa citoyenneté et avoir été radiée de l’Éducation
nationale.
À la Libération, elle a dirigé, au sein du ministère des Déportés, un
service d’accueil des rescapés de la déportation et de leur famille.
Après un rapide exposé retraçant son expérience à des élèves très
attentifs, Yvette Weisbecker a répondu à leurs questions.
Elle a particulièrement insisté sur les valeurs léguées par ses parents
dans son enfance : « La chance d’être née française, au pays dont la
devise, depuis la révolution de 1789, est "Liberté, Égalité,
Fraternité", la chance de pouvoir bénéficier d’une école publique,
gratuite, et laïque. » À la question d’une élève sur ce qui l’avait
amenée à écrire son livre autobiographique, « Mémoire et engagement »,
elle répond qu’il s’était d’abord agi pour elle de conserver leur
mémoire. Elle a incité les élèves à tenter de s’imaginer ce que peut
être une vie qui bascule : « Tout va bien, et, tout à coup, on perd sa
citoyenneté, on doit se cacher, fuir, parce qu’on est juif. »
Quand un autre élève la questionne sur les événements actuels, elle
rappelle son engagement inlassable contre le racisme, « parce que c’est
par lui que le bateau de l’humanité peut sombrer ».
Elle explique aussi son engagement auprès de jeunes filles marginalisées, après la guerre, en créant la Communauté de Han, près de Nancy, une école sans sanction, où toutes les règles de vie collectives étaient décidées par l’Assemblée des élèves.
Yvette Weisbecker a dédicacé son livre aux élèves, « en espérant que
les valeurs que je défends seront les vôtres ». Les collégiens ont
salué chaleureusement celle qui leur a permis de donner vie à leurs
cours d’Histoire, qui fut, le temps de cette rencontre, « L’Histoire
devant nous », pour reprendre les mots de l’un d’eux.